1. |
Chevaux
06:29
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Nourrir les chevaux dans sa main
Abattre le fils du facteur
S’enfuir avec la vertu
Soigner les vieilles dames
Ouvrir son cœur à tous vents
Devenir frénétiques et tout à la fois d’un
calme de splendeur
Car nous sommes tous des splendeurs.
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2. |
Ils
05:30
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Ils ne sont plus jamais revenus.
Pestés de sang et de songes.
Ils avaient déjà abandonné avant de revenir
une seconde pour voir…
Il n’y avait plus rien de toute façon.
Ils le savaient mais feignaient de l’ignorer.
Leurs impatiences étaient à la mesure de leurs
peines.
Ils se nourrissaient exclusivement de haine et
de mélancolie.
Parfois, sur le bord d’une route, à l’entrée d’une
ville, ils se baissaient pour ramasser un brin
d’herbe et se baiser les mains.
Des heures restés étendus, ils n’ouvraient pas
une seule fois les paupières.
Ils soulageaient chaque mendiant, chaque
chien, chaque oiseau qu’ils croisaient sur
leur route, n’en oubliaient aucun.
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3. |
Vous
08:03
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Vous, je vous aime.
À toujours et à jamais.
Et si votre pas est quelquefois boiteux, c’est
délicatesse plutôt que handicap.
Vous ne sauriez éteindre une flamme, même si
maison s’enflammait.
Votre pas s’est fait beaucoup trop léger pour que
nous puissions le prendre en considération.
Reparlez-moi de votre brève maison.
Reparlez-moi de votre brève maison.
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4. |
Elle
03:12
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Elle a construit mille et un navires qu’elle a
déposés sur vos rives
Sans songer un seul instant que l’on pouvait
calculer les eaux
Le ciel l’a abandonnée sur une valise à moitié
vide de petits soucis
Allez savoir pourquoi, je vous récompenserais
Je vous récompenserais.
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5. |
Mon tendre
05:18
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Ami,
Te dire que tout nous est permis, que nous
ignorons la peur et que la bénédiction ne nous quittera pas.
Ami,
Te dire que la folie demeurera toujours
belle, parce que nous serons détachés de
tout, y compris de nous-mêmes.
Moi, je mourrai très jeune.
Tu me survivras, afin d’éviter la tristesse.
Tes caresses et tes regards, je les emporterai
partout.
Je n’oublierai que tes paroles, afin que chaque
mot que tu me portes reste le premier.
Les paradoxes et les errances seront nos
pains quotidiens.
La seule sûreté à laquelle nous aurons droit
sera celle de nos bras écartés, de nos corps
quelquefois enlacés.
Ami,
Nous aurons tous les droits. Même celui de
nous oublier ; nous ne nous désapprendrons
jamais.
Si l’un pleure, l’autre sera grave et silencieux.
S’il rit, nous serons bêtement heureux.
Nous ne serons pas deux, nous serons mille
et constamment de passage.
Calmes comme des récidivistes, agités comme
des voleurs, muets comme des assassins.
Dieu que je t’aimerai.
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6. |
Rouillé
07:32
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La vie est une vallée de porcelaine cassée et de
petites cuillères d’argent noirci. Vive les
étagères de bois d’ébène et les petites corvées
quotidiennes. Dieu que je vous aime tous
autant que vous êtes. Les cadres d’aluminium
qui encadrent les vitres en deviennent même
poétiques dans leur rouille miséricordieuse et
leurs mornes éclats. Décadent et débile.
Défiant et démagogique. Les vallées sont
douces à ma pente consommée. Même les
chiens et les chats. De surcroît.
[…]
Je me demande aussi si je ne t’ai pas fait de la
peine. Car il faut peiner semble-t-il pour
arriver à ces débuts de phrases qui nous en-
traînent invariablement vers les mêmes propos
blafards et vivants qui sont nos portes de
sortie et nos mots de passe vers un paradis
ignoré. Peut-être que le calme gruge tout
compte fait. Tout comme la fébrilité. Mais
c’est aussi notre but, notre puits et notre mer-
veilleux précipice que la pourriture. Tout
comme les feux et toutes les chaleurs que nous
aimerions voir nous carboniser et qui réussis-
sent seulement à nous faire fondre lentement.
C’est la communion. C’est ta communion.
C’est ta première communion.
Tout me porte vers toi.
Mon île désincarnée, ma première arène et
mon dernier combat.
Samedi, nous rentrerons à l’aube des abattoirs.
Je t’aime.
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7. |
Insomnie
03:30
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Je fais encore de l’insomnie et l’ombre de ma main sur la page imite bien mal le sommeil que je n’attends plus.
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8. |
Bienvenue
04:40
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Bienvenue
je suis morte
Bienvenue
je n’ai plus de servitude
Bienvenue
je suis absente
une rangée de ma brique a pris la place de
mon corps
Bienvenue
je ne vous vois plus
les camions passent partout
les veines ne saignent plus
Bienvenue, bienvenue
mes fautes me laissent désormais indifférente
Bienvenue
ne m’oubliez pas
Bienvenue
Au revoir
Bienvenue
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