1. |
Partir
06:02
|
|||
J’ai déjà connu tes rages
le roulis effréné de ta gorge
maintenant que tout somnole
maintenant que tu me rappelles
avec des mains de fleurs
les papillons de l’été
les arbres dans les chambres
J’ai rongé tes pleurs de prune
tes prunes de prisons blanches
où les lapins noirs
bondissaient comme des cœurs
Dès aujourd’hui les demains
de partance dans les îles
sont amarrés aux quais des nuques
les vingt doigts mangés
par les brumes des rivages
par les anthropophages
Il ne faut pas oublier
qu’on oublie de partir quand on est parti
il ne faut pas pleurer sans pleurer
d’avoir omis de partir
un jour qu’un grand navire
nous disait à l’oreille
c’est maintenant l’heure de partir
|
||||
2. |
Une
00:53
|
|||
mille amoureuses m’extraient de la mort
me tirent de la terre
mille amoureuses toujours la même
l’automne elles s’envolent de moi
puis réapparaissent
avec les feuilles
|
||||
3. |
Crâne balayé rose
08:47
|
|||
Crâne balayé rose, je vais partir dans la barque du cheval. Mes saintes à la rivière d’horloge vont somnoler de la plus fière étreinte des engrenages. Je vous liasse mon cendrier, les blancs de céruse, et mon col de veston. Les poissons rouges ont leur nez sur la vitre. Quant à moi j’ai déjà trois fils à la proue d’étoiles de mer. Les boussoles fleurissent à l’automne proche. Maintenant un long vieillard se penche sur mon oreille. Le bruit de la neige sur les regards éteintes se nourrit des paupières, ô si douce, avec la plante du pied dans mes cheveux. Nous ne retrouverons jamais la vasque aux barques de melon. Il faut tenir la mer à nos épaules ; le rouge exhilarant au plus orageux de notre nuit de petits nuages.
|
||||
4. |
L'espace de vivre 1
02:07
|
|||
5. |
Message de ton corps
04:54
|
|||
corps tendre et blond
corps de velours
corps lumineux corps mouillé
herbe sous le vent des îles
corps chaleureux éclair allongé
plumage de mon sang
corps paupières tendues les mains crispées à l’épaule
cri torride des cuivres horizontaux
j’appelle résurrection les sapins et les ifs
tendresse palpitante des oursons
la toundra bascule les soleils
j’appelle une rivière où le flanc rose de ta nuque suit
le sillage profond d’une truite lunaire
une perdrix embrase l’automne
feu gris feu pers mousse flambante
j’appelle une ville arc électrique
un fleuve
entre les balises de janvier remontant de la
mort
les processions d’arbres signaleurs
une eau de hanches et de seins
un orage coffré par les bouches
une bouche où le sourcier des soifs agite tes os
de coudrier
le mois de mai ta voix rauque de nuit
le message de ton corps la création du monde
|
||||
6. |
Respiration
04:01
|
|||
la respiration d’un amour
emplit l’espace de la nuit
comme une mer minuscule ferait
dans leur sable
ses îles plus ou moins grandes
selon l’angoisse ou l’abandon
|
||||
7. |
Astéroïde
01:24
|
|||
survole-moi astéroïde
la bouche que j’aime te salue d’une source où la fougère
le dispute à l’intransigeance d’être aimée toute la vie
ainsi qu’un bouquet et plus tendrement encore comme
être envahie par la mer et les larmes
|
||||
8. |
Frères et soeurs
05:51
|
|||
J’ai des frères à l’infini
j’ai des sœurs à l’infini
et je suis mon père et ma mère
J’ai des arbres des poissons
des fleurs et des oiseaux
Le baiser le plus rude
et l’acte déconcerté
l’assassin sans lame
se perce de lumière
Mais la corrosion n’atteindra jamais
mon royaume de fer
où les mains sont tellement sèches
qu’elles perdent leurs feuilles
Les faïences éclatent de rire dans le stuc
le ciel de glace
le soleil multiple qui n’apparaît plus
Frères et sœurs
mes milliers d’astres durs
|
||||
9. |
L'espace de vivre 2
01:14
|
|||
10. |
Courte paille
02:14
|
|||
ainsi que la pierre la veine de verre
et la fille ses artères
l’angoisse polit sa terre
|
||||
11. |
Hibernations
07:48
|
|||
je laisse en toi voler des oiseaux blancs
peu d’oiseaux sont blancs outre les colombes
sinon d’avoir vécu l’hiver
plantés comme des croix dans l’espace
un déploiement de sécheresse et de frissons
aussi étranges que la neige
a-t-elle autre souci que de se poser sur nous
les villages
les cages
entre les pierres les brindilles sculptées par le vent
nos morts ne s’envolent pas
sinon en nous-mêmes
comme les enfants que nous avons
et qui fraient leur chemin dans l’intérieur
oiseaux blancs aériens ossements
|
If you like Ambroise, you may also like:
Bandcamp Daily your guide to the world of Bandcamp